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Appel des premiers disciples

Publié le 26 février 2018 dans Non classé

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Le récit de Lc est original, différent de sa source Mc 1,16-20. En Mc—Mt, c’est le premier acte de Jésus : un récit très bref où l’appel suscite la suivance immédiate. Lc le déplace et offre un récit plus long, qui développe une relation plus dynamique entre Jésus et Pierre, appelé à s’impliquer progressivement.

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Appel des premiers disciples      (Lc 5,1-11)

Or un jour, la foule se serrait contre Jésus et écoutait la parole de Dieu. Il se tenait au bord du lac de Gennésareth.

Il vit deux barques au bord du lac. Les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Il monta dans l’une des barques, qui était à Simon, et lui demanda de s’éloigner un peu de la terre. Puis il s’assit, et de la barque il enseignait la foule.

Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : “Avance en eau profonde, et jetez vos filets pour la pêche.” Simon répondit : “Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre.

Mais, sur ta parole, je jetterai les filets.”

Et l’ayant fait, ils prirent une grande multitude de poissons ; et leurs filets se rompaient. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ils vinrent et ils remplirent les deux barques au point qu’elles enfonçaient.

À cette vue, Simon-Pierre se jeta aux genoux de Jésus, en disant : “Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur !” 9 Car la frayeur l’avait envahi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à cause de la prise abondante qu’ils avaient faite. 10 De même Jacques et Jean, fils de Zébédée, qui étaient les compagnons de Simon.

Alors Jésus dit à Simon : “Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras, vivants.” 11 Et ramenant les barques à terre, laissant tout, ils le suivirent.

Un peu de vocabulaire

Lac de Gennésareth : aussi appelé mer de Galilée et lac de Tibériade. La pêche, très bonne, pouvait faire vivre de petites entreprises locales ou familiales (comme en Mc 1,16-20).


A) Se situer dans le récit (réflexion personnelle, sans échange)

Me rappeler des étapes importantes de mon cheminement de foi, qui m’ont progressivement amené-e à mon engagement actuel.

B) Explorer le récit d’Évangile

– Jésus invite Pierre à s’impliquer peu à peu, en lui adressant trois demandes. Repérer ces trois étapes du récit, et la progression ‘en douceur’ de l’implication qui est demandée à Pierre.

Étape 1 : quels effets peut produire sur Pierre la demande de Jésus ? comment Pierre sera-t-il positionné par rapport à Jésus et à la foule ?

Étape 2 (v. 4-9) : quels effets peut produire sur Pierre la 2e demande de Jésus, compte tenu de sa compétence professionnelle ? Que répond-il ? Quelle progression de sa relation avec Jésus cela implique-t-il ?

– Le récit insiste sur la surabondance de la pêche. Comment sait-on que Pierre y reconnaît la surabondance de Dieu ? (geste, titre et parole)

– Quelle nouvelle perception Pierre a-t-il de Jésus ?

– Pourquoi la proximité de Dieu, maître même des profondeurs de l’eau, est-elle source de crainte, et de conscience d’être pécheur ?

– Que vous suggère l’arrivée ici du ‘nouveau’ nom de Pierre ?

Étape 3 : voir la 3e proposition de Jésus à Pierre ; comment répond-il ?

– La pêche symbolise ici la mission chrétienne. Par quels détails le récit montre-t-il que la mission doit se vivre en collaboration, en équipe ?

D) Éclairer mon cheminement spirituel à la lumière de l’Évangile

– Ai-je vécu, comme Pierre, une rencontre ou un appel du Seigneur sur le terrain de ma vie ordinaire ? de mon travail ? de mes propres compétences ?

– L’engagement très progressif demandé à Pierre ressemble-t-il à des étapes de mon cheminement de foi ? de mon engagement de croyant-e ?


Appel des premiers disciples (Lc 5,1-11)            — Pour aller plus loin

Le récit de Lc est original, différent de sa source Mc 1,16-20. En Mc—Mt, c’est le premier acte de Jésus : un récit très bref où l’appel suscite la suivance immédiate. Lc le déplace et offre un récit plus long, qui développe une relation plus dynamique entre Jésus et Pierre, appelé à s’impliquer progressivement. Ce récit reflète mieux l’expérience de tout disciple chrétien : être rejoint par Dieu ou Jésus là où on est, se sentir concerné, se distinguer déjà de la foule anonyme (étape 1) et découvrir peu à peu qui est vraiment ce Seigneur qui devient plus signifiant pour nous. Comme Pierre, nous passons de “maître” à “Seigneur”. De la perception de Jésus comme maître de sagesse en qui nous pouvons avoir confiance, à la découverte étonnante de la révélation de Dieu en lui.

Les liens du récit avec le contexte sont suggestifs. À Nazareth, Lc a présenté la mission de Jésus, comme guérison des aveugles, libération des captifs, etc. (4,16-30). Jésus a commencé cette mission : enseignements, délivrance d’un possédé et guérisons, dont la belle-mère de Simon (4,31-44). Pierre et les autres le connaissent donc déjà un peu.

La conscience de Pierre d’être pécheur est aussi reliée à l’annonce de Nazareth : proclamer la Bonne Nouvelle du Dieu accueillant, i.e. ouvert à tous. Disciples pécheurs, lépreux guéri et paralytique pardonné, publicain Lévi et pécheurs avec qui Jésus mange (5,12-32). Ainsi, Lc a inséré le récit du premier appel dans un contexte qui en élargit la signification : tous les gens attirés par Jésus (5,1) peuvent choisir de devenir disciples.

Pierre aura besoin d’eux pour assumer la pêche—mission. Les disciples devront répondre à leur tour aux foules en quête d’une Parole de Dieu. On reconnaît là l’intérêt de Lc pour l’expérience ecclésiale. Le livre des Actes souligne la mission communautaire et le magnétisme de la Parole de Dieu.

Ce récit de pêche surabondante ressemble à celui de Jn 21 : pêche de nuit infructueuse, obéissance à l’ordre de jeter les filets, rôle de Pierre en lien avec un autre disciple. Comme bien des souvenirs sur Jésus, ce récit a pu circuler sans contexte précis, en page détachée. Lc le combine avec un récit de vocation des 1ers disciples, et la communauté johannique l’a relié aux expériences d’apparition. Les deux choix sont complémentaires, car la véritable vocation chrétienne s’enracine dans l’expérience de Pâques, même pour ceux et celles qui ont été disciples de Jésus pendant sa vie.