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Jésus guérit dix lépreux

Publié le 26 mars 2018 dans Non classé

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L’antiquité avait ses degrés dans l’exclusion sociale. Et on a les nôtres… Les lépreux étaient les plus marginalisés, exclus parmi les exclus. Interdits de s’approcher de Jésus, ils crient. Lc aurait pu  écrire que Jésus les entend. Mais non, ici comme souvent, il ‘voit’.

10 lépreux

Jésus guérit dix lépreux  (Lc 17,11-19 et 20-21)

11 Comme Jésus faisait route vers Jérusalem, il traversait entre la Samarie et la Galilée. 12 À son entrée dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Ils se tenaient à distance. 13 Ils crièrent : “Jésus, maître, aie pitié de nous !”

14 Les voyant, il leur dit : “Allez vous montrer aux prêtres.”

Et il arriva, pendant qu’ils y allaient, qu’ils furent purifiés.

15 L’un d’eux, voyant qu’il était guéri, revint en rendant gloire à Dieu à pleine voix. 16 Il se jeta le visage contre terre aux pieds de Jésus en lui rendant grâce. Or c’était un Samaritain. 17 Jésus, prenant la parole, dit : “Les dix n’ont-ils pas été purifiés ? Les neuf autres, où sont-ils ? 18 Il ne s’est trouvé parmi eux que cet étranger pour revenir sur ses pas et rendre gloire à Dieu !” 19 Et il lui dit : “Lève-toi et va ; ta foi t’a sauvé.”

20 Les pharisiens demandèrent à Jésus : “Quand donc vient le Règne de Dieu ?” Il leur répondit : “Le Règne de Dieu ne vient pas comme un fait observable. 21 On ne dira pas : Voici : il est ici ! ou il est là ! Car voici que le Règne de Dieu est au milieu de vous.”

Un peu de vocabulaire

Lépreux : le malade le plus marginalisé, un exclu social ; par crainte de la contagion et parce qu’on le voit comme un pécheur gravement puni par Dieu. Le lépreux doit porter les vêtements déchirés et les cheveux dénoués, et crier : “Impur ! Impur !” Sa demeure sera hors du camp. Sa guérison doit être confirmée par un prêtre. (Lévitique 13,16.45-46)

Samaritain : vus comme descendant de juifs mêlés à d’autres peuples. Mais ils croient au même Dieu unique et suivent la Loi de Moïse.

Règne de Dieu : objet d’espérance populaire chez les pharisiens et le peuple. L’humanité sera restaurée et vivra selon le projet de Dieu.

Au milieu de vous : littéralement ‘à l’intérieur’, donc soit ‘parmi vous’ (dans les relations du groupe) ou ‘en vous’, en dedans de vous.

A) Se situer dans le récit (réflexion personnelle, sans échange)

À partir de mon expérience ou de gens que je connais, je réfléchis sur le poids que la marginalisation sociale fait peser sur quelqu’un.

B) Explorer le récit d’Évangile

– Repérer les 2 grandes étapes du récit : les dix, puis le dixième.

– Jésus ‘voit’ les dix et leur parle. Comment répondent-ils à sa parole ?

– Qui est guéri de la lèpre ? et quand ?

– Avec le vocabulaire, que sait-on de l’expérience de celui qui revient ?

– Revient-il seulement pour dire merci ? ou ‘voit’-il quelque chose de plus que sa guérison ?

Autrement dit, pourquoi Jésus lui dit-il “ta foi t’a sauvé” ?

Être sauvé, ici, est-ce différent de être guéri ?

– À la suite du récit, Lc insère la question sur les signes de la venue du Règne de Dieu. Peut-on faire un lien avec l’expérience du lépreux qui revient ?

C) Éclairer ma vie à la lumière de l’Évangile

Les ‘voir’ sont signifiants ici : la manière dont Jésus ‘voit’ les lépreux le pousse à les aider.

Et le 10e ‘voit’ sa guérison autrement que les autres.

Est-ce possible que des gens marginalisés ou souffrant ‘voient’ ou perçoivent plus nettement la présence active de Dieu ?

D) Éclairer mon cheminement spirituel

Que puis-je faire pour affiner mon regard afin de voir le Règne de Dieu déjà présent et actif dans ma vie ? ou en moi ? et dans la société ?

Quelles sortes de signes peuvent nous montrer qu’il est déjà là ?

Peut-on nous aussi produire des signes de la présence du Règne de Dieu ?

 

Jésus guérit dix lépreux (Lc 17,11-19.20-21) — Pour aller plus loin

L’antiquité avait ses degrés dans l’exclusion sociale. Et on a les nôtres… Les lépreux étaient les plus marginalisés, exclus parmi les exclus. Interdits de s’approcher de Jésus, ils crient. Lc aurait pu  écrire que Jésus les entend. Mais non, ici comme souvent, il ‘voit’. Il porte sur la souffrance des gens un regard de compassion qui le fait agir.[1]

Jésus a prononcé une parole indirecte de guérison, qui sous-entend : le prêtre va confirmer que vous êtes guéris. Vous pourrez enfin ne plus vivre comme des parias. Une parole qui sort la personne de la résignation et la met en marche. Une parole qui invite à l’espoir. Parfois, cela suffit ! C’est déjà une catéchèse : les mots qui aident à croire que Dieu nous ouvre un avenir. Les lépreux obéissent à cette parole, pourtant sans effet visible. Ils l’accueillent avec confiance. Foi admirable qui rappelle une autre parole : “Quand vous demandez quelque chose, croyez que vous l’avez déjà reçu.” (Mc 11,24) Et en chemin, ils sont effectivement guéris.

Si c’est seulement un récit de guérison, il peut finir au v. 14. Mais la 2e  étape suggère une autre qualité de foi, qui invite le lecteur chrétien à dépasser la foi fondée sur les miracles. Celui qui revient est l’exclu ‘total’, lépreux et samaritain. Lui aussi devra aller au prêtre pour sa réintégration sociale. Mais dans sa guérison, il ‘voit’ autre chose. Il ne revient pas juste pour dire merci. En chemin, sa louange monte vers Dieu : il a reconnu dans le regard et l’attitude de Jésus l’action et l’attitude de Dieu. Chemin de louange : peut-être chante-t-il “Gloire à Dieu au plus haut des cieux !

Il se jette aux pieds de Jésus en lui ‘rendant grâce’ précise Lc, avec le verbe eucharistéô. Il vient faire don à Jésus de la grâce qu’il a reçue de lui. C’est la dynamique même de l’eucharistie : rendre grâce à Dieu pour les dons qu’Il fait par pure grâce, et les lui offrir à nouveau car il nous les redonne. Le Samaritain entre dans cet échange continu de la vie en communion avec Dieu. Cet étranger représente bien le souci de Lc pour l’universalité du salut. Jésus le déclare ‘sauvé’, lui qui a su reconnaître le Règne de Dieu à l’oeuvre dans la gratuité de Jésus envers lui.

[1]. Un regard qui voit et accueille la souffrance ; mentions propres à Lc, incluant ses ajouts dans les récits parallèles : 7,13 ; 10,33 ; 13,12 ; 15,20 ; 18,24 ; 19,5 ; 19,41 ; 21,2 ; 22,61.