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Nouvelle église de Longueuil en 1887

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Les fêtes de la confédération de la nouvelle église de Longueuil ont commencé le mercredi 1er juin 1887. Vers quatre heures, Sa Grandeur Mgr l’archevêque de Montréal, accompagné de plusieurs archevêques et évêques et d’un grand nombre de prêtres partaient pour Longueuil, à bord du vapeur Hochelaga, gracieusement mis à leur disposition par la compagnie du Richelieu.

Église Cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue équipe pastorale. Nouvelle église, enveloppes

La semaine Religieuse de Montréal, 1887


À l’arrivée des distingués visiteurs à Longueuil, la foule des citoyens se porta à leur rencontre. Ils furent reçus par M. le curé Tassé, M. le maire Morin et les conseillers. Partout sur leur passage, du débarcadère à la nouvelle église, la foule s’agenouillait pour recevoir leur bénédiction.

À la nouvelle église


Nos Seigneurs les archevêques et les évêques prirent place au chœur. Sa grandeur Mgr Fabre occupait un trône magnifique érigé pour la circonstance les autres prélats : des prie-Dieu, dans le sanctuaire.

Il y avait Nos Seigneurs les archevêques Taché, de Saint-Boniface; Duhamel, d’Ottawa; les évêques Laflèche des Trois-Rivières; Antoine Racine, de Sherbrooke; Cleary, de Kingston, Ont.; Mgr McNeirny, d’Albanie, devait arriver plus tard, dans la soirée.

Au bas-chœur, prenaient place : les maires et les conseillers de la ville et de la paroisse de Longueuil et nombre d’autres citoyens de distinction parmi lesquels, MM. Perrault et Ménard, architectes de l’église.

L’église était remplie de citoyens de l’endroit, de Montréal et des paroisses environnantes.

M. Morin, maire de la ville de Longueuil, présenta aux archevêques et évêques, une adresse de bienvenue au nom des citoyens de Longueuil.

Sa Grandeur Mgr l’archevêque de Montréal, répondit à l’adresse. Il dit qu’il a visité la nouvelle église de Longueuil il y a quelque temps et qu’il a alors été frappé par la beauté de ses décorations intérieures. Aujourd’hui, les beautés de l’église sont encore plus nombreuses. Cette église fait le plus grand honneur à la ville de Longueuil. Si feu Mgr Denaut, qui s’éteignit dans le presbytère de Longueuil, dont le zèle a laissé de si doux souvenirs dans cette même paroisse, et feu M. l’abbé Thibault pouvaient contempler aujourd’hui ce temple magnifique, ils seraient remplis de joie. Cette église de Longueuil est une magnifique démonstration catholique; elle est une preuve de la foi vive qui anime toute la population de ce pays en ce siècle d’indifférence religieuse et de persécution. Cette église est un véritable monument de foi religieuse. Un fait remarquable est qu’elle s’est construite en trois ans, sans que sa construction ne donnât lieu à aucun accident regrettable. Les citoyens de Longueuil si puissamment aidés par le zèle intelligent de leur curé, M. M. Tassé, ont généreusement élevé ce temple magnifique à la gloire de Dieu. Si on était tenté de leur reprocher leur munificence, ils pourraient rappeler cette parole du Sauveur aux apôtres qui reprochaient à la pécheresse de répandre des parfums sur ses pieds divins : « Vous aurez toujours des pauvres parmi vous, mais vous ne m’aurez pas toujours. »

Sa Grandeur Mgr Cleary, évêque de Kingston, dit aussi quelques mots, en réponse à l’adresse des citoyens de Longueuil. Il les félicite du magnifique temple qu’ils ont élevé à la gloire de Dieu. C’est un témoignage admirable de l’esprit de foi de la population de la province de Québec.

Après cette cérémonie, les distingués visiteurs se rendirent au presbytère où ils sont les hôtes de M. le curé Tassé.

Dans la soirée, la petite ville de Longueuil offrait un joyeux coup d’œil. Toutes les demeures étaient illuminées et une procession aux flambeaux, la musique de la cité en tête, parcourut les rues de la ville, où circulait une foule animée. De tous côtés, on lançait des feux d’artifice. Tous les citoyens avaient rivalisé de zèle pour illuminer leurs demeures aussi parfaitement que possible.

Trois arcs de verdure avaient été élevés du débarcadère à la nouvelle église, et portaient les inscriptions suivantes: « Bienvenue à nos illustres visiteurs; » – « Religion et Patrie, » « Vive notre archevêque; » – « L’union fait la force. » – « Célébrons ce jour dignement; » – « Gloire à nos évêques. »

Voici d’abord quelques détails sur la nouvelle église de Longueuil :

Le plan de la nouvelle église affecte la forme d’une croix grecque et l’architecture est du style gothique.

Les dimensions sont imposantes comme on peut en juger par les chiffres suivants :

La façade a 93 pieds d’étendue et sa hauteur est d’environ 100 pieds. La flèche a plus de 250 pieds. Il y a cinq portes dont trois donnent sur le péristyle et deux conduisent aux escaliers des jubés.

Au-dessus de la porte centrale est placée une magnifique rosace d’un dessin très élégant et très léger. Au-dessus se trouve la statue du patron de la paroisse.

Aux deux extrémités de la façade proprement dite s’élèvent deux petites tourelles percées de niches contenant des statues.

Le beffroi est d’un dessin très riche, et se termine par des clochetons en saillie sur le nu du mur.

La variété des lignes architecturales est conçue de manière à former un ensemble des plus harmonieux.

L’intérieur est digne de l’extérieur.

Le plus grand transept contient quatre fenêtres de 25 pieds de hauteur qui éclairent le bas de l’église et deux rosaces de 22 pieds de diamètre qui jettent des flots de lumière sous les voûtes.

Les petits transepts s’appuient sur le grand et contiennent trois fenêtres plus petites que les premières, d’un dessin différent et deux portes latérales de sortie.

Derrière, s’élèvent le chœur et la sacristie qui est adossée à l’église.

Le dôme est large et s’élance avec beaucoup de légèreté. Les quatre bras du transept se regroupent gracieusement autour de lui.

C’est surtout de l’intérieur que les rosaces et les grandes fenêtres de transepts font beaucoup d’effet.

Le chœur, très vaste, contient trois rangées de stalles.

Un des points les plus remarquables de ce temple est la pureté et l’ampleur de l’acoustique, qualité qui manque malheureusement à une foule d’églises. La voix porte admirablement bien dans toutes les parties de l’édifice et l’on entend parfaitement les paroles du prédicateur ou du prêtre à l’autel, même quand il parle sur un ton peu élevé.

Le style qui paraît être très riche à première vue est en réalité très sobre, mais l’ensemble, l’harmonie des lignes et les dimensions de l’édifice en font ressortir toutes les beautés et tous les détails.

La nouvelle église contient environ 400 bancs en bas pouvant donner place à 1,200 personnes.

Le jubé principal réservé aux communautés contient environ 200 places.

Près de cent personnes peuvent se placer dans le jubé de l’orgue.

Le chœur peut contenir 150 personnes assises.

La forme adoptée par les architectes, la croix grecque, a été choisie surtout parce, qu’elle donne l’avantage de regrouper les fidèles plus près du prédicateur et de l’autel et l’expérience a prouvé que ces prévisions étaient parfaitement justes, car tout le monde peut voir les cérémonies de l’autel en quelqu’endroit qu’on soit placé.

Le grand autel et les autels latéraux, ainsi que les stalles du chœur, ont été exécutés par M. Félix Ménard.

Le coût total de l’édifice a été de $125,000, somme relativement minime, si l’on examine attentivement la nature de l’importance des travaux.

Jeudi matin à sept heures commencèrent les cérémonies de la consécration de la nouvelle église. C’est Mgr de Montréal qui a consacré l’Église. Sa Grandeur était assistée de MM. Dupras, curé de Sainte-Philomène et Blanchard, curé de Saint-Isidore. MM. I. Donnelly et Martin remplissaient l’office de maîtres de cérémonie. Le maître-autel fut dédié à Saint-Antoine, patron de la paroisse de Longueuil.

Les autres autels furent consacrés comme suit:

L’autel de l’Assomption de Marie, par Mgr Duhamel, assisté de MM. Croteau, curé de Plantagenet et Duhamel, vicaire de Saint-Hyacinthe. M. P. Beauchamp, curé d’Aylmer était maître des cérémonies.

L’autel de Sainte-Anne, par Mgr A. Racine; les assistants étaient MM. Vézina et Cousineau; et le maître de cérémonie, M. E. Pépin.

L’autel Saint-Joseph par Mgr McNeirny, assisté par M. le chanoine Rhault, de Trois-Rivières et le chanoine P. Larocque, de Saint-Hyacinthe; M. Latulipe, maître de cérémonie.

L’autel Saint-François d’Assise par Mgr Cleary, assisté par M. Chèvrefils, curé de Sainte-Anne du Bout de l’Ile et de M. Godard maître de cérémonie; M. G. Lepailleur, vicaire à Hochelaga.

Une foule immense de fidèles accourus pour assister à la fête et qui durent stationner à l’extérieur pendant la première partie de la cérémonie, entraient dans la nouvelle église à la suite de la procession qui se fit pour transporter de la chapelle du collège à l’intérieur de l’église, les reliques destinées aux tombeaux des différents autels. Ces reliques étaient portées par des prêtres revêtus des ornements sacerdotaux. Tous les évêques, portant la chape et la mitre suivaient la procession.

Chacun de ces prélats dit une messe basse sur l’autel qu’il venait de consacrer, pendant que Mgr l’Archevêque poursuivait la cérémonie générale de la consécration.

La grand’messe pontificale, chantée par Mgr Fabre commença vers les onze heures. Sa Grandeur avait comme prêtre assistant le R. P. Hudon, S. J. et comme diacres d’honneur, MM. Tassé, curé de Saint-Cyprien, et Manion, d’Albany. MM. Charles Larocque et Messier agissaient respectivement comme diacre et sous-diacre d’office.

Le sanctuaire était rempli par plus de cent prêtres, venus de toutes les parties du pays.

Un chœur puissant de deux cent voix chanta la messe dite du second ton harmonisée.

Le sermon fut donné par Mgr l’archevêque Duhamel.

La messe finit vers midi.

Bientôt le superbe carillon de cette nouvelle église sonna l’Angelus. Tous les évêques et les prêtres et les invités se rendirent au collège où les attendait un dîner offert par les dames de Longueuil.

L’après-midi à deux heures et demie eurent lieu les vêpres solennelles. La nouvelle église était encore remplie de fidèles et Sa Grandeur Mgr Laflèche prononça un nouveau sermon de circonstance, qui fut comme le digne couronnement d’une des plus belles fêtes que l’on ait vues dans le pays.

Cette solennité qui vient d’avoir lieu fait le plus grand honneur à la paroisse de Longueuil, non seulement à cause des pompes qui l’on accompagnée et de la munificence avec laquelle les citoyens ont reçu leurs nobles hôtes et leurs visiteurs, mais encore parce qu’il s’agissait de consacrer une église dont la construction est un fait sans précédent dans ce pays.

Commencé il y a trois ans à peine, ce temple aux proportions si grandioses, aux décorations si riches, est déjà terminé et payé; bien plus, les fidèles ne sachant plus mettre de limites à leur généreux dévouement, luttent entre eux à qui fera pour la beauté de la nouvelle église, le plus riche cadeau; c’est ainsi qu’elle est pourvue, d’un carillon splendide, d’un chemin de croix, dont chaque station a coûté plus de cent «piastres», de nombreuses statues, de deux orgues, de magnifiques lustres et d’un grand nombre d’autres articles d’ornementation.

Cette cérémonie laissera des souvenirs ineffaçables, parmi les hôtes distingués qui avaient répondu à l’appel de M. le curé de Longueuil et elle sera, pour la pieuse population de cette paroisse, la plus précieuse récompense de sa générosité. Les citoyens de Longueuil viennent de montrer comment avec du dévouement, de l’énergie, des sacrifices généreux on peut bâtir un beau temple, une nouvelle église; ce noble exemple sera certainement suivi.